On associe fréquemment la psychanalyse à Freud et au dispositif divan-fauteuil. Cette image et cet enracinement historique restent corrects et d’actualité, mais la psychanalyse a beaucoup évolué depuis sa naissance, il y a plus de cent ans.
De tous temps, les psychanalystes ont surfé la vague de l’actualité et celle des connaissances sur l’inconscient. Elles, ils, ont été à la fois à la pointe des changements et moteur des changements sociaux et médicaux. Elles, ils, ont suivi de près les évolutions culturelles dans l’expression du mal-être et de la souffrance psychique. Elles, ils, ont surtout su préserver un lieu de rencontre particulier entre l’analyste et son patient. Ce lieu est garant de neutralité, de respect et de travail sur l’intime et le profond. Il est aussi un lieu unique où l’interaction entre les deux participants n’est à nulle autre pareille.
L’image d’Épinal qui consiste à “se connaître soi-même”, ou celle de “trouver des réponses dans le passé pour aller de l’avant” ne reflètent pas ce qui se joue vraiment pour l’analysant lors des séances. Ce qui se met en place est un échange tissé à deux. Si l’analyste se restreint d’intervenir c’est pour laisser tout l’espace nécessaire à l’émergence de ce qui doit être dit. Sa présence, ainsi que le choix de ses mots, cadre et dirige l’ensemble de la séance, mais celle-ci appartient à l’analysant. C’est une traversée à deux vers l’inconnu. Le sien propre pour le parlant, celui de l’autre pour l’écoutant.